Le chef de projet n’est généralement pas le gestionnaire des données du projet. Sur des projets conséquents, il y a très souvent un contrôleur des coûts, un planificateur, un ingénieur qualité, un responsable des risques et opportunités, etc., qui gèrent les données du projet. Les tâches de gestion du projet sont réparties à des spécialistes. Ces gestionnaires présentent périodiquement le résultat de leur analyse à leur Direction, qui peut alors prendre des décisions. Le chef de projet ne gère généralement pas les données du projet, surtout sur un grand projet, il coordonne. Souvent, sur un grand projet, le chef de projet est rattaché à un Directeur de projet.
Dans la réalité des grands projets, il est très souvent difficile de coordonner méthodiquement et informatiquement toutes les disciplines qui travaillent ensemble dans le but de bien gérer le projet.
Combien de fois en tant que planificateur j’ai eu du mal à lier les coûts et les délais en tentant d’appliquer la méthode de la valeur acquise. Les dates et l’avancement physique viennent en effet du planning mais les dépenses et les budgets viennent du contrôleur des coûts, coûts qui doivent être étalés sur les tâches du planning. On sent bien que la communication entre le contrôleur des coûts et le planificateur doit être forte, et qu’il doit y avoir des points communs entre les structures d’accueil des coûts et du planning.
Souvent, il y a aussi un responsable des risques. Mais les risques quantitatifs proviennent directement du planning – ils sont même calculés par le planificateur et ses outils, ceux qui concernent les coûts proviennent du contrôleur des coûts, etc. La communication entre ces différents acteurs doit être forte, idem pour la structuration de l’information qui doit avoir des points communs.
Pour la documentation technique c’est la même chose. Comment bâtir un planning sans corrélation avec le système de Gestion Electronique des Documents (GED) en place ? Comment le planificateur peut-il faire pour calculer l’avancement physique des livrables études sans connexions fortes avec le contrôleur des coûts et le responsable de la documentation technique ?
Bien-sûr le gestionnaire des contrats doit être en relation avec les autres acteurs du projet, comme pour effectuer des réclamations sur les délais ou les coûts par exemple. Et ainsi de suite…
Chaque acteur a besoin d’information provenant d’autres acteurs, et il s’agit qu’il y ait une cohérence d’ensemble, sachant que la gestion de la confidentialité des données comme pour les coûts doit être gérée. Toutes les disciplines sont en interaction, et leur point commun est le WBS du projet (Work Breakdown Structure, ou structure de décomposition des travaux).
Il convient que le chef de projet dispose d’un système d’information performant et efficace, mettant en relation toutes les disciplines du management de projet d’une manière cohérente et systématique, capitalisant aussi au fur et à mesure. De plus, le projet doit être géré méthodiquement, tant au niveau de la planification qu’aux niveaux de la documentation technique ou du contrôle des coûts par exemple.
Le succès d’un système d’information de « management de projet intégré », mettant en relation toutes les disciplines du management de projet, réside dans la codification de l’information, qu’elle soit de nature planning, coût, risque, documentaire, contractuelle ou autre.
Après une quinzaine d’années passées sur des grands projets, j’ai bien compris comment sont structurés les projets et je l’ai traduit dans une méthode que j’ai appelée « WBS 3D » et par extension « Management de projet 3D » – ceci parce que toutes les disciplines du management se raccrochent à la structure d’accueil du travail (WBS).
Il s’agit d’une méta-méthode qui s’applique à tous les projets, qu’ils soient de service, IT, de développement produit, d’infrastructure ou industriels. Le management de projet 3D est compatible avec les méthodes existantes telles que le chemin critique, les méthodes PMI ou PRINCE2. Le WBS 3D modélise le projet sous la forme d’un cube représentant le travail, sur lequel vient s’y affecter l’organisation (couleur des petits cubes 3D), et le temps interagir. Plus le projet est grand et complexe, plus le management de projet 3D apporte de la valeur, mais il peut aussi s’appliquer sur des projets plus modestes.
Les 3 trois dimensions du WBS sont les Zones physico-fonctionnelles, les Produits et les Activités. L’organisation forme une quatrième dimension.
Je suggère donc au chef de projet de faire mettre en place un codage de l’information sur toutes les disciplines intervenant sur le projet : qualité, contrats, planning, coûts, risques, communication et documentation, ressources, management global et périmètre. Les codes des différents éléments gérés doivent impérativement posséder un code : Zone, Produit, Activité et Organisation. Ceci permet de mettre en relation toutes les disciplines du management de projet méthodiquement, ce qui facilite l’échange et la gestion de l’information.
Indépendamment de la dimension humaine, le chef de projet doit donc être « bien entouré » en termes de méthodes et d’outils, c’est la vocation du management de projet 3D.
Cet article participe à l’évènement inter-blogueurs “le conseil que je donnerais au chef de projet que j’étais” organisé par le blog Any Ideas pour les chefs de projets malins. Si vous avez aimé cet article et souhaitez voir les autres articles de cet évènement, je vous remercie de cliquer sur ce lien : j’ai aimé cet article !